NE RIEN ATTENDRE

Tout le monde écrit, tout le monde peint, c'est pas vraiment de l'art, c'est pas vraiment de la littérature, c'est un lieu plus qu'un métier, une sorte de défouloir, un jeu où tout est permis avec soi-même. Tout le monde écrit parce qu'on est allé à l'école, on sait lire les grand écrivains, on emprunte à la pompe, à la concision, à la profondeur, à l'ironie et la passion des grands ses propres sentiments.. Toute le monde peint parce que tout le monde a visité les musées, et pourquoi soi, avec ses goûts, n'y arriverait-on pas ?
On écrit? on peint, le soir, le dimanche, pendant les vacances, pour échapper aux subtiles injonctions de la vie, au boulot, aux contingences, à la femme, à l'époux, à la famille, à la politique, à la guerre... on s'évade un moment, on oublie... et c'est très bien...
jusqu'à ce que vienne à soi le : pourquoi pas...
Alors on expose, on se croit.
On expose, on se croit et tout redevient comme la vie, avec ses contingences ses hiérarchies, on veut prouver, on justifie ses grimaces, ses compromis, son... « œuvre ».
Tout le monde écrit, tout le monde peint, mais tout le monde n'est pas peintre ou écrivain... et n'a pas la main qui tremble d'imagination, la méthode du jugement, l'unité, la science, la sincérité, l'idéal, la bonne foi, l'art de composition...
Alors on est déçu, de n'être pas ce peintre, cet écrivain, parce que l'on a oublié que le jeu était de ne rien attendre...
N.B





illustration : Van Gogh vieil homme triste